Les premiers jours ici, je me souviens qu’en me promenant, je ne comprenais pas pourquoi mes parents avaient décidé de venir en Roumanie. Les gens n’avaient pas faim, le centre commercial était beau, et je voyais des Carrefours et l’équivalent, les Coras assez régulièrement. Je ne voyais pas concrètement la pauvreté dont on m’avait parlé.
Maintenant, je me suis rendue compte de la superficialité des apparences. Ce qui est montré est bien loin de la vérité qui est vécue. Je suis allée diner chez des amis roumains à ma famille et nous nous sommes installés dans le salon pour attendre que le repas soit prêt. Nous avions regardé les nouvelles en roumain sur un écran plasma génial, si je pouvais j’aurais le même. Ensuite, lorsqu’il fallait passer à table, le hôte a sorti une petite table pliante avec quelques chaises qui allaient avec. Il l’a installée à coté du fauteuil et s’y est assis avec sa femme, nous laissant les chaises. J’ai caché mon regard surpris et puis j’ai compris. Cette famille n’avait pas assez d’argent pour acheter le bon nombre de chaise pour mettre autour d’une table. Malgré cela, elle avait l’argent pour acheter un écran plasma qui vaudrait le triple d’une table avec des chaises.
J’ai alors compris que le regard extérieur est extrêmement important dans la culture roumaine. Il n’est pas étrange ni rare d’avoir une très belle voiture mais vivre dans un appartement déplorable. Les personnes se donnent des apparences car elles craignent d’être rejetées si elles n’appartiennent pas à la bonne catégorie sociale. Cette peur est un vestige de la présence communiste pendant tant d’année en Roumanie. Il fallait toujours faire semblant que tout allait bien pour ne pas se faire remarquer, et ainsi survivre.
Ce que je vis est un témoignage pour beaucoup de mes amis, surtout les roumains et ceux qui ont vécu dans des mondes où les apparences sont primordiales. Je n’ai pas honte de dire que je vis dans mon quartier pauvre, et je n’ai pas peur de dire que mes parents n’ont pas une belle voiture. C’est assez surprenant pour eux au début car ils ont l’habitude d’avoir à comparer leur nombre de propriétés ou d’ordinateurs. Moi au contraire, je ne parle jamais de ce que j’ai. Je choisi une vie plus simple parce que je sais qu’elle m’apporte plus, et je sais aussi qu’elle me permet de mieux apprécier les cadeaux que la vie m’offre.
Dieu a dit d’aimer les plus petits. Moi je veux ajouter qu’il faut aimer ceux qui sont petits, même et surtout s’ils se donnent l’apparence d’être grands. J’ai remarqué que les personnes qui se ventent souvent sont en réalité très sensibles au regard des autres. C’est pour cela que je veux que ces individus comprennent qu’on les aimera tout autant s’ils n’ont pas beaucoup d’ordinateurs que s’ils ont tous les nouveaux appareils électroniques. Dieu ne différencie pas Son amour envers les gens riches et les gens pauvres. Nous devrions suivre Son exemple. La Roumanie et les contrastes flagrants entre les apparences et la réalité m’ont appris cela. « Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé » (Mt 23, 12)